L’antilope sauvage est un animal subversif. « Allons bon », me direz-vous, « qu’est-ce qu’il va encore inventer ce pseudo vulgarisateur scientifique plus siphonné qu’un vase communicant? » Eh bien observez, vous répondrai-je. Tout d’abord, la construction du patronyme de l’antilope. Déjà on a « lope » qui rime avec des mots peu élégants (escalope, nyctalope…) et surtout « anti », qui exprime une opposition. En clair, les antilopes sont des contestataires. Contestataires de quoi, me direz-vous ? Regardez-les, ces gourgandines effarouchées, comme elles détournent les talons avec mépris lorsque de sympathiques lions de passage les complimentent sur leur nature exquise, leur expriment galamment combien ils les trouvent à croquer et apprécieraient dîner avec elles. Jamais un merci, un « pourquoi pas? », ni même un petit rougissement de courtoisie, non, toujours elles s’enfuient, l’air effrayées, affolées, comme si ces braves lions étaient animés de mauvaises intentions — alors qu’ils n’aspirent qu’à tailler une bavette autour d’une bonne entrecôte, what else ?
Mais il y a pire ! Les antilopes sont persifleuses : on les voit régulièrement fréquenter des gazelles, friandes des jeux galants de la séduction. Eh bien on ne sait pas ce qu’elles se racontent, mais lorsque les antilopes s’enfuient après avoir vu un lion, les gazelles les suivent au grand galop ! Ah, la vie est dure pour ces pauvres lions qui aiment tant nouer contact avec les autres espèces… Qu’on se le dise, qui espère séduire l’antilope devra se faire pousser des cornes ! Et ça, c’est pas drôle.
♪ Janis Joplin : Kozmic Blues